Le journaliste jongle allègrement entre deux professions : animateur de télé et photographe.
La photo est pour lui l’écriture de l’âme.
Elle lui permet de conjurer le temps qui passe, de rendre hommage à la vie ou à son père.
D’une passion d’enfance, Nikos Aliagas a fait une deuxième vie. Avec plusieurs expositions à son actif, dont « Le spleen d’Ulysse » à l’Abbaye de Jumièges, en Normandie, du 8 juin au 31 octobre 2023, il dévoile une vision sensible et un sens de la composition indéniables. Et porte un regard authentique sur le passé.

Pourquoi l’art de la photographie a-t-il pris une part si prépondérante ? Cette pratique l’enrichit spirituellement. « La photo, c’est une nourriture intellectuelle nécessaire, affirme-t-il. J’ai besoin de la photo, car elle me permet de dire des choses, de partager des émotions et de témoigner du temps qui passe. »
Depuis les premiers clichés de célébrités en noir et blanc pris à la va-vite, Nikos Aliagas a enclenché la vitesse supérieure. Sa marque ? Des rencontres humaines fortes. « On ne peut pas être un grand photographe si on ne s’intéresse pas à l’autre, estime-t-il. La photo, c’est un témoignage de la vie. »
À travers la photo, raconter des histoires
Un témoignage qui commence par le sien, même si le présentateur n’en avait pas réellement conscience. En 2016, lors de son exposition « Corps et âme » à la Conciergerie de Paris, il se glisse discrètement parmi les visiteurs. Une femme lui confie : « Je vous connaissais à la télé, mais, aujourd’hui, je comprends mieux qui vous êtes. » Il réalise alors qu’il montre bien plus qu’il ne l’imagine sur ses images d’anonymes. « C’était très fort, explique l’intéressé. Cela m’a conforté dans ce que je voulais faire à travers la photo : raconter des histoires. Le mot “photographie” vient du grec “fos” et “graphein”, qui signifient “lumière” et “écrire”. On écrit la lumière, littéralement. Pour moi, c’est cela aussi, la photo : l’écriture de l’âme. »
L’animateur croit davantage dans le pouvoir de l’image que dans celui des mots : « Prendre en photo le visage buriné par la vie d’un vieux marchand grec ou d’un agriculteur de Seine-Maritime en dit plus que n’importe quelle déclaration orale ou écrite. J’aime aussi photographier les mains. Regarder les mains de quelqu’un, c’est deviner sa vie. C’est quelque chose qui m’émeut beaucoup. »
Au-delà même de la quête humaine et artistique, le plaisir que lui procure cette activité a amené Nikos à s’interroger sur sa propre vie. Ses joies et ses peines, ses accomplissements et ses échecs. Tout cela se rejoint dans la photo, à la fois un exutoire et un moment suspendu d’une vie qui passe trop vite.
La mort de son père, Andreas, a laissé depuis six ans une empreinte profonde chez lui. Au point d’influencer son travail artistique. « Je me suis rendu compte que, lorsque je photographiais des anciens, je cherchais souvent mon père à travers un regard, un sourire, une ride… En réalité, la photo est devenue une sorte de psychanalyse. »
Source : Le Figaro, Nicolas Vollaire, 18 mai 2023

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