FILM – Déni de grossesse et transgénérationnel

« – Y a Sophie qui s’est lancée dans le transgénérationnel ! »

Cette réplique du film TOI NON PLUS TU N’AS RIEN VU de Béatrice Pollet, sorti le 8 mars 2023 et désormais disponible en DVD et VOD, ne manquera pas de faire sourire les praticiens de la discipline et de susciter la curiosité de ceux qui s’y intéressent !

D’autant qu’elle n’est pas isolée. Parmi les dialogues, nous avons retenu, entre autres :

– Tu vas leur parler de fantômes ? T’es sérieuse ?

– C’est comme ça que ça s’appelle, ce sont des fidélités inconscientes qui nous relient à nos ascendants.

Les œuvres cinématographiques qui évoquent explicitement l’approche transgénérationnelle pour envisager une problématique psychique, ici le déni de grossesse, sont rares. Celle-ci mérite d’autant plus l’attention que le scénario et l’interprétation sont d’une grande justesse.

Ce film a également le mérite de présenter de façon claire le mécanisme du déni de grossesse qui traduit une fragilité psychologique complexe particulièrement difficile à cerner, une blessure invisible, en lien avec la maternité.

Le déni, c’est la grossesse inconsciente ou cryptique

Israël Nisand, gynécologue-obstétricien, spécialiste du déni de grossesse, évoque les ressorts de ce phénomène énigmatique, méconnu et pathologique : « Le déni, c’est la grossesse inconsciente ».

Un déni de grossesse n’arrive pas à n’importe quelle femme, mais à celles qui ont une histoire écrasante dont elles peuvent ne pas se souvenir. « En tout cas il y a toujours un contexte psychique lourd », poursuit-il. Elles vivent une coupure entre leur corps de femmes, le corps de reproduction et ce qu’elles perçoivent, ne ressentent aucun signe de la grossesse. D’ailleurs leur gestation ne se voit pas. Le déni est même contagieux, l’entourage ne décelant lui non plus aucun symptôme.

La plupart de ces femmes finissent par se rendre compte qu’elles sont enceintes plus ou moins tôt dans la grossesse, à l’occasion d’un malaise, lors d’un examen médical ou parce qu’un proche intuitif détecte un signe à bas bruit.

On observe assez peu de dénis complets, c’est-à-dire ceux qui recouvrent l’accouchement. Dans ce cas, la mortalité des enfants s’élève à 25 %. « Beaucoup meurent non pas du fait que leur mère est meurtrière, mais d’asphyxie parce que, si la tête arrive à sortir, les épaules se coincent, précise le praticien. L’accouchement d’une femme seule est un arrachement. »

SYNOPSIS
Claire et Sophie se sont connues à la Fac de droit avant de devenir avocates. Claire est accusée de tentative d’homicide sur enfant de moins de 15 ans. Sophie assure sa défense. Comment Claire, déjà mère de deux enfants, n’a-t-elle ni vu, ni senti qu’elle était à nouveau enceinte ?
Pour visionner la bande-annonce, cliquer ici !

Si vous êtes passés à côté de ce film, il est disponible en DVD ou accessible en VOD.


En savoir plus sur Alexandra Deschamps

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Publié par Alexandra Deschamps

Journaliste, psychanalyste, animatrice d'ateliers d'écriture

Laisser un commentaire