La résiliation des comptes en ligne et la transmission des souvenirs numériques après un décès posent des difficultés insoupçonnées. Un rapport met en lumière des recommandations pour anticiper, protéger et transmettre ces données, tout en abordant les aspects juridiques, éthiques et environnementaux.
Ce dossier, publié à destination des notaires et auquel j’ai eu la fierté de contribuer, intéressera tous ceux qui accumulent sur leurs ordinateurs, smartphones, clouds, disques externes, un nombre de fichiers textes ou photos de plus en plus conséquent, sans nécessairement s’interroger sur leur éventuelle déshérence numérique après leur décès.
« Les traces que nous laissons derrière nous dans le monde numérique constituent une empreinte indélébile et une mémoire persistante qui dépassent notre existence physique, souligne Alexia Arno, co-fondatrice de la plate-forme Clésame. À une époque où chaque moment, chaque relation et chaque décision trouvent une place en ligne, nous n’avons que trop peu réfléchi à ce qu’il adviendra de cette existence digitale une fois la nôtre achevée. Et pourtant, cette question nous concerne tous. La mort numérique est le prolongement de la vie numérique. C’est une réalité complexe qui touche à l’intime. Un débat collectif sur ces enjeux émergents devient urgent. »
Le sujet de la mort numérique et de la transmission des souvenirs est méconnu et appréhendé de manière confuse. Le sort des données personnelles post-décès est ignoré, traduisant une forme d’impensé. On oublie souvent la profusion de ce que nous laissons sur la toile.
« Nos héritiers n’auront jamais assez de leur vie pour repérer ce qui les concerne, les touche et leur importe dans une masse de contenus accumulés au cours de plusieurs années, voire décennies », a déploré une citoyenne lors des travaux.
Que révèlent nos attirances ou nos répulsions pour les animaux ? Dans les années 70, Georges Romey (1926-2016), inventeur de la méthode thérapeutique du Rêve éveillé libre, a élaboré le test de l’Arche de Noé. Ce test projectif s’appuie sur le symbolisme animalier. L’analyse et l’interprétation des résultats peut vous en apprendre davantage sur votre personnalité.
Le symbolisme animalier révèle des modes réactionnels, c’est-à-dire qu’il renseigne sur un type de comportement. Il suggère les aspirations et les préoccupations d’un individu. Il peut dévoiler des états d’équilibre ou de déséquilibre psychologique et permettre d’apprécier les forces instinctives qui animent une personne.
Le test de Noé n’apporte aucune indication sur le niveau intellectuel du sujet qui fait le test, ni sur ses talents et aptitudes. Il fournit simplement une « silhouette réactionnelle ».
Rencontres informelles et chaleureuses, les Cafés Commemoria® ont pour objet de promouvoir la transmission des souvenirs et récits de vie, de mobiliser la mémoire et la faculté de chaque participant à rassembler des documents ou témoignages afin de les partager ensuite auprès de ses pairs, amis ou proches.
Le café Commemoria est une approche inédite initiée par Pierre Ramaut, créateur belge de l’application Commemoria qui permet d’inscrire, de conserver et de partager un récit de vie sur un support multimédia.
Quatre générations
À Paris – Gare de Lyon, dans un cadre convivial, les Cafés Commemoria proposent aux participants d’interroger leur mémoire pour raconter soit l’histoire de leur vie, soit celle d’un proche ou d’un aïeul.
La tâche qui consiste à organiser un récit, relater des souvenirs, commenter des archives documentaires, légender des photos de famille sans rien omettre semble compliquée, fastidieuse et chronophage. Grâce à une dynamique de groupe et à un accompagnement rassurant, cette démarche peut se révéler ludique. Ceux qui n’ont ni l’âme d’un biographe, ni les aptitudes d’un romancier, pourront ainsi conserver une trace précieuse et signifiante d’un parcours, replacer l’histoire dans son contexte, entreprendre un récit collaboratif puis le diffuser s’ils le souhaitent.
Au cours de ces ateliers animés par Alexandra Deschamps, membre agréée du réseau Commemoria, des souvenirs referont surface et donneront, pas à pas, du sens à un chemin de vie et/ou à des héritages familiaux.
Ces sessions sont idéales pour toutes les personnes qui souhaitent être guidées et bénéficier du soutien d’un groupe tout en profitant de la richesse des discussions autour d’un thème fédérateur.
Chaque Café Commemoria sera en effet dédié à une thématique : l’origine de la famille, la filiation, les études et trajectoires professionnelles, les traditions familiales, les lieux de vie, les déplacements et migrations, les objets du quotidien, l’ancrage local, …
Le 18 octobre 2024, la Clésame Académie a permis de présenter les conclusions de deux groupes d’étude (citoyens et notaires) autour des enjeux soulevés par la gestion post-mortem des données numériques. Un rapport -à paraître en 2025- met en lumière les attentes, les inquiétudes et les besoins des Français face à cette réalité. L’occasion de répondre aux questions d’Élise Pays, notaire, trésorière du LAB Notaire.
AVANT DE DÉMARRER L’ÉTUDE, QUE PENSIEZ-VOUS DE LA MORT NUMÉRIQUE ? Alexandra Deschamps. J’ai traité ce sujet pour la presse professionnelle il y a 5 ans (1), à une époque où quelques avocats et notaires voyaient émerger des problèmes liés à la transmission des données et des actifs numériques. J’ai alors eu la conviction que cette question deviendrait vite incontournable.
ET MAINTENANT, QU’EN DITES-VOUS ? AD. Qu’il est temps de s’emparer de cette problématique ! Le volume de données que laisse chaque individu sur Internet et sur les réseaux sociaux prend des proportions déraisonnables. Les citoyens ne devraient plus ignorer le poids de leurs activités sur les serveurs de la planète et les besoins en eau pour refroidir les centres de données. Aux autorités et aux professionnels de les sensibiliser ou de les accompagner vers davantage de discernement et de sobriété numériques.
POURQUOI AVEZ-VOUS ACCEPTÉ DE PARTICIPER À CETTE ÉTUDE ? AD. J’ai déjà accumulé des milliers de photos et de fichiers numériques disséminés un peu partout et je ne parviens pas à me modérer, ce qui m’interroge à titre personnel. Cette étude a du sens, c’est l’occasion de réfléchir pour distinguer le futile de l’essentiel.
QUE PEUVENT APPORTER CES TRAVAUX À LA SOCIÉTÉ ? AD. À la fois une prise de conscience et une responsabilisation ! Chacun, à son niveau, doit prendre sa part et refuser de s’inscrire dans un comportement du type « Après moi le déluge ! »
EN RÉSUMÉ « L’accumulation de milliers de fichiers numériques, de courriels, de comptes et de photos, éparpillés entre nos ordinateurs et de gigantesques serveurs, devient ahurissante. Le volume des données et des traces que laissera chaque citoyen à sa mort prend des proportions incontrôlables et néfastes sur un plan écologique. Que vont faire nos enfants de tout ça ? Prenons du recul pour tendre vers la sobriété numérique et transmettre l’essentiel dans de bonnes conditions. »
Après avoir été journaliste juridique, je suis devenue analyste transgénérationnelle. J’accompagne tous ceux qui veulent explorer leur histoire familiale, transmettre des récits de vie ou partager leurs souvenirs en les aidant à considérer les dimensions affectives et symboliques de leurs héritages. Sollicitée par Clésame, j’ai co-dirigé les travaux d’un groupe de citoyens dans le cadre d’une étude sur la mort numérique, disponible en 2025. Si vous souhaitez anticiper, consultez le programme des Ateliers de Noé.
(1) Les héritiers face au compte Facebook du défunt ; Anticiper le sort des données et patrimoine numériques en cas de décès : juin et novembre 2019, Solution Notaire Hebdo
« En ce qui me concerne, je suis orphelin. Aujourd’hui, je n’ai plus personne », a déclaré Anthony Delon le 20 octobre sur RTL, au micro du journaliste cinéma Stéphane Boudsocq.
Anthony Delon à Douchy devant les fleurs en hommage à son père. Crédit : GUILLAUME SOUVANT
Pour la première fois depuis le décès d’Alain Delon, le 18 août 2024, son fils aîné ne cache pas les difficultés qu’il rencontre à surmonter cette disparition. « Un deuil, ça prend du temps, les choses se mettent place. Il y a des hauts, il y a des bas naturellement, ce n’est jamais facile », admet-il.
La difficulté du deuil et la solitude de l’orphelin
Celui qui a perdu sa marraine Mireille Darc le 28 août 2017 puis sa mère Nathalie Delon le 21 janvier 2021, le reconnaît : « Tous les gens qui ont construit ma vie, qui ont fait de moi ce que je suis devenu, sont tous partis, je me retrouve seul. Il faut du temps pour s’habituer. ».
Pour perpétuer la mémoire de l’acteur, il aimerait que la propriété familiale de Douchy (Loiret), demeure où repose Alain Delon auprès de ses chiens, continue à vivre et devienne un musée même si ce projet devrait s’avérer complexe.
SOURCES : RTL, Stéphane Boudsocq ; Le Figaro.fr, Sarah Lecœuvre, ; BFMTV, Carla Loridan, 20-10-2024
Le 15 octobre est la Journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal. L’occasion d’évoquer un sujet souvent tabou et invisibilisé : la perte d’un enfant avant ou juste après la naissance. Rappelons-nous tous les enfants morts prématurément à des époques récentes et plus anciennes.
La mortalité périnatale désigne les enfants nés sans vie, soit de manière dite spontanée, soit dans le cadre d’interruption médicale de grossesse, et les enfants nés vivants et décédés à moins de sept jours de vie. Cette réalité douloureuse touche de nombreuses familles et malgré les progrès en matière d’accompagnement, beaucoup de parents se retrouvent isolés face à leur chagrin.
Au siècle dernier, l’ignorance et le déni recouvraient souvent d’un silence de plomb ces événements tragiques et empêchaient toute possibilité pour nos mères, nos grands-mères, nos arrière-grands-mères, sans oublier leurs époux et compagnons, de l’évoquer et de dépasser leur indicible souffrance.
Les deuils qui surviennent après le décès d’un bébé in utéro, à la naissance, dans les jours ou les semaines suivant l’accouchement, causent un immense chagrin et de la culpabilité. Ils créent aussi parfois des fantômes qui traversent et hantent les arbres généalogiques. 👻
Un fantôme transgénérationnel est une structure psychique émotionnelle parasite résultant d’un traumatisme. Issue d’un ancêtre, elle est portée et agie inconsciemment par un descendant.
Les fantômes familiaux, Bruno Clavier, Payot 2013
Ces morts traumatiques et les deuils non faits peuvent impacter les descendants de bien des manières et créer de multiples symptômes. Par exemple, entraîner inconsciemment des difficultés à concevoir un enfant.
Pouvoir les repérer et les dévoiler, poser des paroles ou un acte symbolique est toujours bénéfique. Parmi les pratiques novatrices, saluons les associations qui œuvrent pour faciliter ce travail de deuil particulier et conserver les traces de la vie de ces bébés trop tôt disparus (SPAMA, Souvenange, Petite Émilie, etc.). Faire face à un berceau vide est une épreuve plus facile à surmonter lorsqu’on est bien entouré et accompagné par des professionnels. 🌟
Aujourd’hui, je pense particulièrement à : – une petite fille née sans vie, « sortie du sein de sa mère à neuf heures du soir, 5 rue d’Angeville à Asnières » le 28 octobre 1902 ; – Paul Claude, mort à deux jours, le 8 janvier 1928. Il n’est jamais trop tard pour rendre hommage aux anges de sa famille. 👼✨
Vous venez de perdre un proche. Avant d’être un héritier, vous êtes un endeuillé. Si la succession vous paraît une étape difficile, pénible, douloureuse, voire insurmontable, ce n’est pas seulement parce que vous ne comprenez pas le jargon juridique et sa litanie de termes abscons. Vous traversez une épreuve intime. Peut-être même, affrontez-vous des difficultés familiales !?
L’une des premières étapes qui suit les funérailles est l’ouverture de la succession chez un notaire. Si vous êtes héritier, vous êtes avant tout une personne endeuillée !
La transmission s’inscrit dans le contexte particulier du décès récent qui vous affecte. Et vous allez devoir faire face à des démarches que vous ne maîtrisez pas, prendre des décisions engageantes à un moment où vous êtes fragilisé et, probablement, pas prêt à vous confronter à cet héritage.
Un accompagnement personnalisé
Le Notaire est souvent considéré comme le « médecin du patrimoine ». Il cherche à respecter les dernières volontés du défunt, tout en étant chargé d’appliquer les obligations légales (déclaration de succession, calcul des droits de succession et paiement à l’administration fiscale, opérations de partage). De surcroît, il est contraint par le délai de six mois qui court à compter du décès pour transmettre la déclaration de succession au fisc.
En tant qu’officier public, il veille à préserver et à concilier les intérêts de chacun. Il ne lui appartient pas de trancher les conflits qui pourraient apparaître (c’est la mission des médiateurs familiaux d’aider à renouer le dialogue). S’il sait identifier les difficultés affectives qui se présentent et se montrer attentif, il se consacre aux opérations juridiques et patrimoniales.
Il ne peut pas soutenir émotionnellement les héritiers endeuillés, ce n’est pas son rôle.
Le deuil est une épreuve que chacun traverse seul. Il s’agit d’une peine intime et singulière. L’intensité de l’affliction ressentie et sa temporalité sont propres à chaque personne. Aucun héritier-endeuillé ne vit le deuil au même rythme ni de la même manière que, selon le cas, son parent devenu veuf.ve ou orphelin.e, ses frères et sœurs ou tout autre membre de la famille.
La succession est une expérience qui impacte tant l’individu que le cercle familial. Or, les décalages entre endeuillés sont fréquents et parasitent le déroulement de la succession.
À titre personnel, vous pouvez ressentir le besoin d’être accompagné par un professionnel de la transmission symbolique afin d’être soutenu, d’apprivoiser la perte et le changement de place ou de statut en découlant et, ainsi, fluidifier les relations entre héritiers/endeuillés.
Au cours d’un entretien avec Alexandra DESCHAMPS, vous réaliserez un premier bilan de la situation familiale à l’issue duquel un accompagnement personnalisé vous sera proposé pour être soutenu dans ce processus de deuil.
Comment vous sentez-vous ? Où en sont vos relations familiales ? Quelles difficultés rencontrez-vous ? Quelles épreuves a déjà traversé la famille auparavant ? Si vous estimez que la succession est compliquée, pour quelles raisons ? Quel est votre rapport à l’argent ? Quelle éducation financière avez-vous reçu ? Les questions d’argent étaient-elles envisagées ou esquivées, mises sur la table ou taboues ? Que redoutez-vous ? Qu’espérez-vous ? Etc.
Selon vos besoins, Alexandra DESCHAMPS pourra vous recevoir à Paris ou organiser des visioconférences afin de vous aider : consultations individuelles et/ou familiales, rendez-vous de fratries, etc. Quelques heures peuvent suffire pour revisiter les principaux événements ayant impacté la famille sur deux ou trois générations et clarifier les situations ayant entraîné des difficultés qui ressurgissent lors de la succession. Cette mise en perspective permet souvent de fluidifier les relations intra-familiales et de lever les blocages.
Malheureusement une mésentente s’est parfois cristallisée dans le temps, donnant lieu à un conflit familial qui s’enlise. Sa résolution peut alors nécessiter le recours à un notaire médiateur, à un avocat spécialisé en droit de la famille ou à un médiateur familial. Il n’est jamais trop tard pour engager une réflexion sur les causes affectives des antagonismes familiaux.
Rendre un dernier hommage signifie témoigner à un défunt, en principe une dernière fois, son respect et son estime, exprimer sa reconnaissance et sa gratitude. Il s’agit aussi d’apporter égards et considération à son entourage qui est dans la peine. En somme, de prendre soin à la fois du défunt et des personnes endeuillées.
Pourquoi redonner une place de choix à cette pratique ?
Intimement convaincus que toute vie mérite un hommage et que ce rituel, associé à un acte d’écriture, favorise la mise en mouvement du processus de deuil, les animateurs de Via Noé proposent un service d’accompagnement original et sur-mesure. Leur intention est de :
Promouvoir les bienfaits des éloges funèbres
Restaurer la place des hommages dans le récit familial
Célébrer le défunt et marquer la clôture d’une étape du deuil.
Un hommage est l’occasion de chercher dans le passé le fil d’un récit à perpétuer. « C’est une façon de s’inscrire dans une ligne de temps, explique Alexandra Deschamps. Cette inscription dans une histoire participe de la construction de l’imaginaire familial. »
Dans une société où les relations s’inscrivent dans des échanges de plus en plus rapides, numérisés et immatériels, où les individus sont éloignés, voire géographiquement très dispersés, une communauté a besoin de se rassembler autour de ses défunts et de mettre en avant les parcours individuels.
Le rituel d’hommage permet de fédérer la famille autour de repères fondateurs et de perpétuer l’identité familiale. « Un hommage familial raconte quelque chose de ce que nous sommes », précise Alexandra Deschamps. L’hommage à un parent rappelle d’où viennent ses descendants.
Le portrait du défunt est au cœur de l’hommage
En quoi l’écriture d’un hommage aide-t-elle les endeuillés ?
L’écriture d’un texte nécrologique mobilise les endeuillés dans une démarche active. Ce récit a pour fonction de retracer d’une plume factuelle, et élogieuse, les grandes lignes de la vie du défunt, quitte à parfois déployer suffisamment de subtilité et de finesse quand ce dernier avait une personnalité complexe, voire clivante. La rédaction mobilise la mémoire pour faire jaillir les souvenirs et les anecdotes, dessiner les traits de caractère de celui qui n’est plus. Elle favorise aussi la mise à distance.
Le temps du deuil n’est pas, en principe, celui des polémiques, même si l’exercice peut s’avérer acrobatique. Atténuer les défauts, omettre des événements sans travestir, ni trahir relève parfois d’un art de l’équilibre. Si elle est destinée à être diffusée, une copie sans fausse note vaut mieux qu’un pamphlet. La rédaction peut se révéler délicate lorsqu’il s’agit de ne donner ni dans l’éloge outrancier, ni dans la prose revancharde. Mais elle peut se révéler salutaire dans certains contextes familiaux. Écrire pour soi ce qui fut une relation difficile peut être bénéfique.
Enfin, saluer la mémoire d’une personne décédée passe aussi par les messages de condoléances personnels, une pratique qui tend hélas, à l’ère des SMS et autres groupes WhatsApp, à être négligée ou à disparaître. Elle mérite d’être rétablie et mise en valeur à des moments clés du deuil, par exemple lors du 1er anniversaire de la disparition ou de la fête des défunts le 2 novembre.
Dès que le roi meurt, son successeur prend aussitôt sa place. Ainsi ne s’éteint-il, d’une certain façon, jamais : le corps meurt mais la fonction demeure. L’acclamation royale est devenue familière.
Par analogie, on peut considérer que le corps d’un défunt disparaît, mais que son souvenir subsiste. Cette présence est bien réelle et réconforte tout endeuillé qui saura prendre soin et cultiver la mémoire de son cher disparu.
Rien n’est plus vivant qu’un souvenir.
Federico Garcia Lorca
Le souvenir, c’est la présence invisible.
Victor Hugo
Il y a quelque chose de plus fort que la mort,c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants.
« – Y a Sophie qui s’est lancée dans le transgénérationnel ! »
Cette réplique du film TOI NON PLUS TU N’AS RIEN VU de Béatrice Pollet, sorti le 8 mars 2023 et désormais disponible en DVD et VOD, ne manquera pas de faire sourire les praticiens de la discipline et de susciter la curiosité de ceux qui s’y intéressent !
D’autant qu’elle n’est pas isolée. Parmi les dialogues, nous avons retenu, entre autres :
– Tu vas leur parler de fantômes ? T’es sérieuse ?
– C’est comme ça que ça s’appelle, ce sont des fidélités inconscientes qui nous relient à nos ascendants.
Les œuvres cinématographiques qui évoquent explicitement l’approche transgénérationnelle pour envisager une problématique psychique, ici le déni de grossesse, sont rares. Celle-ci mérite d’autant plus l’attention que le scénario et l’interprétation sont d’une grande justesse.
Ce film a également le mérite de présenter de façon claire le mécanisme du déni de grossesse qui traduit une fragilité psychologique complexe particulièrement difficile à cerner, une blessure invisible, en lien avec la maternité.
Le déni, c’est la grossesse inconsciente ou cryptique
Israël Nisand, gynécologue-obstétricien, spécialiste du déni de grossesse, évoque les ressorts de ce phénomène énigmatique, méconnu et pathologique : « Le déni, c’est la grossesse inconsciente ».
Un déni de grossesse n’arrive pas à n’importe quelle femme, mais à celles qui ont une histoire écrasante dont elles peuvent ne pas se souvenir. « En tout cas il y a toujours un contexte psychique lourd », poursuit-il. Elles vivent une coupure entre leur corps de femmes, le corps de reproduction et ce qu’elles perçoivent, ne ressentent aucun signe de la grossesse. D’ailleurs leur gestation ne se voit pas. Le déni est même contagieux, l’entourage ne décelant lui non plus aucun symptôme.
La plupart de ces femmes finissent par se rendre compte qu’elles sont enceintes plus ou moins tôt dans la grossesse, à l’occasion d’un malaise, lors d’un examen médical ou parce qu’un proche intuitif détecte un signe à bas bruit.
On observe assez peu de dénis complets, c’est-à-dire ceux qui recouvrent l’accouchement. Dans ce cas, la mortalité des enfants s’élève à 25 %. « Beaucoup meurent non pas du fait que leur mère est meurtrière, mais d’asphyxie parce que, si la tête arrive à sortir, les épaules se coincent, précise le praticien. L’accouchement d’une femme seule est un arrachement. »
SYNOPSIS Claire et Sophie se sont connues à la Fac de droit avant de devenir avocates. Claire est accusée de tentative d’homicide sur enfant de moins de 15 ans. Sophie assure sa défense. Comment Claire, déjà mère de deux enfants, n’a-t-elle ni vu, ni senti qu’elle était à nouveau enceinte ? Pour visionner la bande-annonce, cliquer ici !
Si vous êtes passés à côté de ce film, il est disponible en DVD ou accessible en VOD.
Le journaliste jongle allègrement entre deux professions : animateur de télé et photographe. La photo est pour lui l’écriture de l’âme. Elle lui permet de conjurer le temps qui passe, de rendre hommage à la vie ou à son père.
D’une passion d’enfance, Nikos Aliagas a fait une deuxième vie. Avec plusieurs expositions à son actif, dont « Le spleen d’Ulysse » à l’Abbaye de Jumièges, en Normandie, du 8 juin au 31 octobre 2023, il dévoile une vision sensible et un sens de la composition indéniables. Et porte un regard authentique sur le passé.
Pourquoi l’art de la photographie a-t-il pris une part si prépondérante ? Cette pratique l’enrichit spirituellement. « La photo, c’est une nourriture intellectuelle nécessaire, affirme-t-il. J’ai besoin de la photo, car elle me permet de dire des choses, de partager des émotions et de témoigner du temps qui passe. »
Depuis les premiers clichés de célébrités en noir et blanc pris à la va-vite, Nikos Aliagas a enclenché la vitesse supérieure. Sa marque ? Des rencontres humaines fortes. « On ne peut pas être un grand photographe si on ne s’intéresse pas à l’autre, estime-t-il. La photo, c’est un témoignage de la vie. »
À travers la photo, raconter des histoires
Un témoignage qui commence par le sien, même si le présentateur n’en avait pas réellement conscience. En 2016, lors de son exposition « Corps et âme » à la Conciergerie de Paris, il se glisse discrètement parmi les visiteurs. Une femme lui confie : « Je vous connaissais à la télé, mais, aujourd’hui, je comprends mieux qui vous êtes. » Il réalise alors qu’il montre bien plus qu’il ne l’imagine sur ses images d’anonymes. « C’était très fort, explique l’intéressé. Cela m’a conforté dans ce que je voulais faire à travers la photo : raconter des histoires. Le mot “photographie” vient du grec “fos” et “graphein”, qui signifient “lumière” et “écrire”. On écrit la lumière, littéralement. Pour moi, c’est cela aussi, la photo : l’écriture de l’âme. »
L’animateur croit davantage dans le pouvoir de l’image que dans celui des mots : « Prendre en photo le visage buriné par la vie d’un vieux marchand grec ou d’un agriculteur de Seine-Maritime en dit plus que n’importe quelle déclaration orale ou écrite. J’aime aussi photographier les mains. Regarder les mains de quelqu’un, c’est deviner sa vie. C’est quelque chose qui m’émeut beaucoup. »
Au-delà même de la quête humaine et artistique, le plaisir que lui procure cette activité a amené Nikos à s’interroger sur sa propre vie. Ses joies et ses peines, ses accomplissements et ses échecs. Tout cela se rejoint dans la photo, à la fois un exutoire et un moment suspendu d’une vie qui passe trop vite.
La mort de son père, Andreas, a laissé depuis six ans une empreinte profonde chez lui. Au point d’influencer son travail artistique. « Je me suis rendu compte que, lorsque je photographiais des anciens, je cherchais souvent mon père à travers un regard, un sourire, une ride… En réalité, la photo est devenue une sorte de psychanalyse. »